Par religion en vogue, nous entendons l’idéologie à la mode.
C’est une religion informelle qui tente de s’imposer à chacun d’entre nous à travers les aléas, c.à.d. à travers les joies et les vicissitudes de la vie quotidienne.
Ses objectifs semblent à première vue très séduisants : changer la vie, l’amour universel, la paix intérieure, le progrès sans fin, l’invention de soi, la réalisation immédiate des désirs, etc...
Pour y parvenir, un acteur et un seul.
L’homme ou plus exactement l’individu.
Comment s’y prendre-il, à quoi se réfère-t-il ? Eh bien, il s’y prend en se référant à lui-même !
Moi, je signifie : « C’est moi la référence de toute chose ». D’ailleurs, les philosophes qui ont pensé mai 68 : Marcuse, Reuch, Deleuze, Foucault, tous parlent explicitement de l’homme-dieu.
Ils mettent l’accent sur l’émergence d’un narcissisme tout puissant.
Ce faisant, ils attribuent à l’homme tout ce qui revient à Dieu et font de l’homme la référence qui décrète : « Ceci est le bien, cela est le mal ».
Oubliant simplement qu’une religion, digne de ce nom, ce n’est pas seulement un code moral, c’est d’abord et avant tout une relation mystique à Dieu.
L’individu - référant serait donc en mesure d’élaborer son identité, ses normes et ses valeurs, en faisant fi des normes de la société ! Or, ce qu’il appelle mes normes et mes valeurs ne sont souvent que des expériences subjectives et des ressentis passagers sans aucune dimension universelle.
Les normes vraies, les valeurs réelles, elles ne dépendent pas des intrigues subjectives.
Elles dépendent d’une réelle dimension objective qui dépasse, qui transcende la singularité du sujet et ses petites expériences individuelles.
Lequel sujet, et c’est là son drame, n’a pas la faculté de fabriquer des normes.
Alors il fabrique des mots, il essaie de modifier le langage !
Ainsi, parle-t-on de :
- Parentalité pour désigner de pseudo-parents.
- Démariage au lieu de divorce, pour banaliser la séparation.
- Famille monoparentale au lieu de foyer maternel ou foyer paternel.
- Famille recomposée au lieu de nouvelle famille, tout simplement parce
que l’enfant a : - un seul père
- une seule mère
- quatre grands parents
- Beau-père ou belle-mère alors que l’enfant n’est ni le gendre, ni la belle-fille du nouveau partenaire de son parent.
On parle aussi de démocratie familiale pour situer les enfants sur un même pied d’égalité que les parents.
Pour signifier aussi que ceux-ci n’ont rien à apprendre à ceux-là.
Or, il est un fait avéré : la modification du langage ne change en rien la réalité des êtres et des choses.
Elle peut changer par contre, et de façon profonde, la représentation mentale que l’on s’en fait !
Lorsque, par chance, la famille survit, l’enfant peut se développer entre père et mère.
Tout enfant souhaite, en effet, être élevé par ses deux parents.
Il a besoin de l’un et l’autre adulte pour se structurer dans son intelligence et son affectivité.
• La mère c’est la source de sécurité qui permet de contenir angoisse et frayeurs. Elle occupe l’espace imaginaire à partir duquel l’enfant se donne l’illusion d’agir sur le monde.
• La fonction paternelle, quant à elle, elle permet à l’enfant de s’individualiser en le séparant, en le « défusionnant » de sa mère.Elle oblige l’enfant à se situer à sa place dans l’ordre de la filiation entre père mère et, par voie de conséquence, elle l’oblige à se conformer à son identité sexuelle.
• La fonction paternelle correspond à la position de l’autre, à la position du tiers. Le père c’est un partenaire de la mère, ce n’est pas une mère bis.
« Les adolescents - résume très bien F. Dolto - peuvent résoudre la plupart de leurs problèmes par la pensée, par la simple idée d’une mère consolatrice et d’un père directeur ».
Pour les « Matheux », nous dirons que la fonction actuelle dans le domaine de l’éducation, c’est la fonction inverse de la fonction éducative traditionnelle.
Ce n’est plus l’enfant qui est incité à s’identifier au parent du même sexe.
Ce sont les parents qui cherchent à s’identifier leurs enfants.
Pour rester dans le vent, « il faut rester jeune et ado ».
Lorsqu’on daigne s’occuper des enfants, on privilégie l’écoute et les activités ludiques.